SPORT ET DEVELOPPEMENT DURABLE : UNE EVIDENCE ? par Amandine Le Cornec

Le développement durable est un sujet d’actualité. Nicolas Hulot l’a mis en avant notamment aux élections présidentielles 2007 auxquelles il a failli se présenter pour assurer les actions en faveur du développement durable. Les inquiétudes sur le devenir de notre planète sont sur le devant des scènes. Pour cela, de nombreuses conférences sur le Grenelle de l’environnement se déroulent de part et d’autre de la France et dans le monde.

Qu’est-ce que le développement durable ? C’est une action faisant face à un excès de consommation et de gaspillage qui ne se renouvellent pas assez vite pour satisfaire la demande croissante de notre planète. Cet excès peut engendrer des catastrophes écologiques pour notre planète tel que le réchauffement de la Terre émanant sur une disparition probable de l’Antarctique.

Qu’est-ce que l’évidence ? D’après la définition du Larousse, c’est une certitude. C’est un caractère de ce qui s’impose à l’esprit avec une telle force qu’on a besoin d’aucune autre preuve pour en connaître la vérité ou la réalité.

Pourquoi en parler sur notre site ? Étant un sujet d’actualité de nombreux ministères se mobilisent, dont le ministère du sport et de la santé.

Comment et pourquoi un rattachement entre le développement durable et le sport ? Quel serait leur lien ? Le sport peut-il se réduire au développement durable ?

Ces questions nous amènent à démontrer que s’il existe une corrélation évidente entre le sport et le développement durable, on pourrait alors en déduire que le sport peut jouer un rôle primordial dans l’amélioration de vie de nos citoyens en vue de protéger notre planète.

Pour cela, dans un premier temps, nous définirons le rôle du sport et du développement durable, puis dans un second temps, nous soulignerons leurs liens. Enfin, nous analyserons les limites de cette relation.

La signification du sport et du développement durable

  • Les dimensions du sport

Le sport est représenté par un ministère du Sport, de la Jeunesse et de la Santé. Le sport fait à la fois référence au sport de haut niveau et au sport de masse (bien-être, paraître, convivialité, forme et santé).

En somme, le sport représente 2% PIB et comprend 16millions de licenciés. Il est alors une des composantes de la vie quotidienne de nos concitoyens. Il comprend plusieurs facettes car il fait appel à la dimension éducative, sociale, politique, économique et juridique. En effet, la dimension socio-éducative fait référence aux valeurs de cohésion sociale, d’intégration et d’insertion. Par exemple, grâce à l’aide PEL (projets éducatifs locaux : 16.53 millions d’euros), les jeunes issus d’un milieu défavorisé peuvent intégrer une structure. Le « parcours animation sport » (5.3 millions d’euros) offre la possibilité à ses jeunes en difficulté d’insertion sociale et professionnelle d’obtenir une qualification reconnue.

Ensuite, la dimension politique permet de mettre en avant l’image nationale via les résultats sportifs. Par exemple toute la France a pu se reconnaître dans l’équipe des bleus de football « Black, blanc, beur » en 1998 aux championnats du Monde. A travers la politique, il existe également des enjeux de notoriété et de rayonnement par la dynamique collective. Par exemple : l’amélioration des techniques de ski de Rossignol et de Salomon, les leaders mondiaux dans la fabrication de matériel de ski. La dimension juridique permet de régir les textes et les lois notamment pour la protection de l’usager. Par exemple le conseil de l’Europe a crée en 1985 suite à l’incident au stade Heysel la loi européenne sur la violence et les débordements de spectateurs. Enfin, le sport fait référence à la dimension économique par les ventes d’articles sportifs de femmes (vêtements, appareils) ou  par l’aspect médiatique. Par exemple, lors des JO de Moscou en 1982, les droits étaient de 88 milliards de dollars et en 2000 aux JO de Sydney, ils étaient de 1332 milliards de dollars.

  • Le développement durable

Le développement durable fait parti également d’un ministère celui de « l’écologie et du développement et de l’aménagement durable » présidé par Jean-Louis Borloo. Ce ministère a pris naissance de l’association GoodPlanet.org créée et présidée par Yann Arthus Bertrand. Son rôle est de trouver des moyens d’améliorer les gestes quotidiens des citoyens afin de ne pas épuiser les ressources définitives de la planète. Par conséquent il a pour but de favoriser l’économie et le partage de manière équitable des ressources qui utilisent les technologies qui polluent moins, qui gaspillent moins d’eau et moins d’énergie. Par exemple, afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20%, l’eco-pastille avec bonus-malus et une taxe de 20%sur le kérosène pour le transport aérien sont entrain de se mettre en place.

En faisant un rappel sur l’historique, cette notion remonte à plus de 30 ans. Pourtant ce n’est que maintenant qu’on en entend réellement parler. En effet, en 1972, lors de la conférence des Nations Unies à Stockholm pour l’environnement, la notion d’éco-développement a pris naissance. Mais ce n’est qu’à partir de 1987 à Bruntland que la notion de développement durable est apparue dans le rapport de la Commission Mondiale. En 1992 à Rio lors de la conférence des NU, l’agenda pour le 21ème siècle a été adopté par 110 chefs d’Etat. Puis deux conventions sur la biodiversité et le changement climatique ont également été optées. Mais ce n’est qu’à partir de 2002 que le développement durable atteint le sommet lors de la conférence de SjoBerg. Or c’est la première fois en 2008 que le ministère de l’écologie et du développement et de l’aménagement durable  a obtenu un budget. Il s’est élever à plus de 20 milliards d’euros pour accompagner le Grenelle de l’environnement. Ce budget dégage quatre priorités : (1) la protection de l’environnement, (2) la recherche (par exemple sur la prévention et le risque de pollution), (3) les infrastructures de transport avec le souci de favoriser les modes alternatifs de la route et (4) l’entretien des réseaux routiers et ferroviaires.

Les corrélations entre le sport et le développement durable

Un bref historique entre le sport et le développement durable permet d’illustrer les liens qui les rattachent. Le sport s’implique et joue un véritable acteur dans les préoccupations du développement durable. En effet, en 1994, le Congrès olympique du Centenaire a consacré une partie de ses travaux « au sport et à l’environnement ». Puis en 1996, le développement durable est intégré à la Charte olympique du CIO afin que les JO prennent des responsabilités face aux problèmes environnementaux que rencontre notre planète en sensibilisant les personnes. Ensuite en juin 1999 à Rio, l’agenda 21 du mouvement olympique a été adopté lors de la 3ème conférence mondiale sur le sport et le développement. Enfin en 2004, le CNOSF et ses fédérations membres ont suivi cette voie en adoptant à leur tour « l’agenda 21 du sport français ».

Étant donné que le sport représente 2% PIB en France,  le sport associatif doit s’attacher à promouvoir les aspects positifs de ses activités pour favoriser l’objectif du développement durable en créant un véritable plan d’action. Le sport comprend 2 millions de bénévoles et 150 000 associations sportives regroupées en fédérations nationales qui délivrent 16 millions de licences. Ces associations représentent la première voie d’accès aux pratiques sportives et permet d’informer, éduquer et développer des pratiques transférables favorables au développement durable. C’est également un vecteur d’éducation, de socialisation, de qualité de vie, de santé et de moteur économique. Les élites sont des modèles. Ils jouent un rôle médiatique pour diffuser les valeurs environnementales. Enfin le sport associatif constitue un réseau mondial dans lequel se développe des solidarités actives contribuant à la paix dans le monde. Prenons quelques exemples d’actions de l’agenda 21 du sport français. Lors de la coupe du Monde de Rugby 2007, l’équipe de France a apporté leur contribution à la campagne de communication du développement durable à travers les médias et les partenaires. En parallèle, la fédération française (FF) de montagne et d’escalade protège les oiseaux. La FF de canoë-kayak organises des opérations rivières propres. La FF de golf a mis en place la charte d’eau afin d’économiser l’eau sur les parcours de golf. Les cyclistes développent un programme « roulez propre ». Autres que les fédérations, l’Union générale de l’enseignement libre mobilise 3000 associations sportives autour de l’opération terre d’enjeux qui a pour objectif comme le slogan l’indique « une geste pour toi, pour moi, la terre pour tous ». L’union française des œuvres laïques d’éducation physique publie des ouvrages sur le sport et le développement durable (fondation de Nicolas Hulot).

Cependant d’autres perspectives d’alliance entre le sport et le développement durable ont été proposées comme le fait de repenser à l’organisation des calendriers sportifs afin de minimiser les déplacements et donc d’économiser la diffusion de gaz à effet de serre ou de promouvoir à des modes de transports alternatifs afin de réduire les déplacements individuels qui multiplient les gaz à effet de serre. Il est également suggéré d’améliorer la qualité environnementale des matériels et articles de sport, d’organiser les fonctionnements de nos institutions et associations afin qu’ils intègrent les bons gestes quotidiens, d’accroître la communication notamment dans l’introduction des formations et dans les manifestations relatives au développement durable.

Nous avons pu nous apercevoir des liens qui unissent le sport et le développement durable mais quelles sont les limites d’une corrélation évidente entre les deux ?

Les limites d’une relation certaine entre le sport et le développement durable

Tout d’abord, chacun des deux ont un ministère différent. Le développement durable est rattaché à  l’écologie et le sport à la santé. Nous pouvons en déduire que ces ministères distincts apportent une réelle limite à leur alliance. Par ailleurs, le sport est avant tout connu comme un moyen de se dépasser physiquement. Comme nous avons pu le définir dans la première partie le sport est multiforme mais toutes les dimensions qui l’entourent ne mettent pas forcément en exergue l’aspect du développement durable. Par conséquent le sport ne se réduit pas à l’économie d’énergie, de déplacement et d’eau.

Par ailleurs, le ministère du Sport, de la Jeunesse et de la Santé a bénéficié en 2009 de 996 millions d’euros contre 1 048 millions d’euros en 2008. Ces 996 millions d’euros se décomposeraient en 787 millions d’euros de crédits budgétaires et 209 millions d’euros venus du Centre National du Développement du Sport (CNDS). Les 787 millions d’euros constituent la part de l’État stricto sensu, en très légère progression par rapport à 2008 (782 millions d’euros). Mais sur la durée, la tendance serait inversée, puisque 768 millions d’euros sont prévus en 2010 et 757 millions d’euros en 2011.

Le désengagement de l’État est donc désormais assumé et programmé.

Le budget global est en baisse, mais les différentes activités du ministère ne sont pas touchées de la même manière :

  • Le programme Sport est en augmentation de 4 %, à 220 millions d’euros de crédits avec une priorité affichée au sport de haut niveau. Il a pour objectif  de développer le sport de haut niveau avec 178 millions d’euros (par exemple la rénovation de l’INSEP)
  • Le programme Jeunesse et vie associative subit quant à lui, une baisse de 11,2 % pour s’établir à 119 millions d’euros. Son rôle est le développement du sport à l’école et dans les zones franches urbaines. Il a pour but également de promouvoir les valeurs éthiques notamment via la lutte anti-dopage (18 millions d’euros pour la prévention et la protection de du sportif) promotion des métiers du sport, promotion des activités bénévoles.
  • Le programme Conduite et pilotage passe de 442 à 447,5 millions d’euros. Il a pour rôle de rénover les modes de gestions des ressources humaines, d’amplifier la formation des agents et d’apporter son soutien au CREPS.

Par conséquent, le sport participe aux objectifs du développement durable mais les missions du ministère chargé de sports et du développement durable ne visent pas les mêmes programmes.

En somme si on se réfère à la définition de l’évidence du dictionnaire Larousse, nous ne devrions pas réfléchir aux liens qui unissent le développement durable avec le sport, alors que pour trouver une corrélation ça n’a pas été totalement certain.

Le développement durable et le sport sont des sujets d’actualité de part et d’autres. Ils ont certes des points communs. Le sport fait en grande partie des mœurs de la vie quotidienne des français (2% PIB). Grâce à ces 150000 associations sportives, à ces 2 millions de bénévoles et aux valeurs éthiques éducatives qu’il promut, le sport peut jouer un grand rôle dans le développement durable en informant, en éduquant et en diffusant les valeurs. Il permet de valoriser les bons gestes quotidiens. D’ailleurs depuis 1972 à Stockholm, le sport s’est rendu compte de l’importance du combat en faveur du développement durable. En France, il représente un véritable acteur depuis l’adoption du CNOSF et ses fédérations membre de l’agenda 21 du sport français notamment à travers les « opérations rivières propres », « roulez propres », les sanctions des organisateurs de raids sur les déchets de bouteilles le long des pistes… Cependant, malgré l’implication réelle du sport envers le développement durable, l’évidence n’est pas significative. Nous devons réfléchir pour trouver les liens qui les rattachent car le sport fait tout d’abord penser à la dépense physique. Par conséquent comment faire en sorte que cette relation devienne évidente aux yeux de tous ?

 

Amandine.jpg 4

Amandine LE CORNEC-BOUTINEAU
Entraîneur diplômé FFA
Titulaire d’un Master 2 Recherche et Professionnel
« Ingénierie de l’entraînement »

 

Crédit photos: SDPO – AdobeStock –

 

Logo Internet 3SDPO-mag 16 rue Jean Cocteau 95350 Saint Brice sous Forêt Tél : 01 39 94 01 87
Site Internet : www.sdpo.com Email : sdpo@sdpo.com