Le sport proprement dit n’est pas contre-indiqué pour avoir une grossesse. Or certaines athlètes rencontrent plus de COMPLICATIONS que d’autres sportives à tomber enceinte. Cet article vous permettra de comprendre comment le cycle féminin fonctionne, quels substrats énergétiques il a besoin et si à terme le sport est néfaste pour la conception d’un bébé. Pour finir, des conseils vous seront apportés en cas de complications pour être enceinte liées au phénomène du sport intensif.
PHYSIOLOGIE des cycles féminins
Deux hormones sont impliquées principalement dans les cycles féminins : les œstrogènes et la progestérone. Ces deux hormones sont sécrétées par les ovaires.
Première phase : La montée d’œstrogènes déclenche un pic ovulatoire et ainsi l’ovulation. (En début de cycle, ils sont responsables de la modification de la muqueuse utérine qui s’épaissit et implique les « règles » quand il n’y a pas de fécondation).
Seconde phase : Après l’ovulation, une modification des ovaires est entraînée. Les œstrogènes diminuent progressivement tandis que la progestérone augmente. Lorsqu’il n’y a pas fécondation, le taux de progestérone diminue et les règles apparaissent.
- Importance de la masse grasse dans la balance énergétique:
- L’activité physique peut interférer sur les cycles féminins suite à un dysfonctionnement de la balance énergétique. En effet, la masse grasse joue un rôle primordial pour l’organisme féminin car il s’agit d’un réservoir d’hormones. C’est pourquoi, une femme a environ 10% de plus de masse grasse qu’un homme.
- Lors de l’activité physique, la dépense d’énergie doit être compensée par les apports énergétiques. Lorsque ce n’est pas le cas, l’organisme puise dans ces réserves ce qui implique une diminution de la masse grasse et, du taux de leptine. La leptine est une hormone très importante et quand elle fait défaut, elle a un impact sur l’hypothalamus, et les ovaires (et donc sur les œstrogènes et la progestérone).
- Utilisation des réserves énergétiques dans le sport
Les femmes ont pour particularité d’avoir plus de fibres lentes que les hommes (51% contre 46%) et d’oxyder deux fois plus de lipides que les hommes, ce qui leur permet de préserver leur glycogène musculaire. De ce fait, elles utilisent moins le glycogène musculaire que les hommes et sont meilleurs dans les sports d’endurance. Donc il ne faut pas croire que leur masse grasse (20% contre 10% en moyenne) les contraint énormément.
- L’activité physique a-t-elle un impact néfaste sur la physiologie de la femme ?
Seulement si la balance énergétique est négative c’est-à-dire si la masse grasse est trop faible et si la femme n’a pas assez d’apports énergétiques. Si c’est le cas, une répercussion sur les cycles féminins sera générée marquée par une diminution des progestérones, puis des œstrogènes et un retard ou une disparition des « règles »*, ce qui peut diminuer la fertilité.
*la disparition des règles se traduit par le terme « aménorrhées » = sécrétion hypothalamo-hypophysaire freinée.
- Plus le déficit énergétique est important, plus il y a de risques d’être aménorrhée car le corps met le système au repos pour apporter de l’énergie aux organes vitaux (cerveau, cœur) et aux muscles en activité.
- A terme, cette diminution d’œstrogène peut également entraîner une baisse de la masse osseuse et une déminéralisation avec apparition d’une ostéoporose précoce car les œstrogènes stimulent la formation osseuse. NB : 25 à 35% des coureuses ont des troubles de cycle, 80 à 85% des danseuses sont aménorrhées.
- RELATION AVEC L’INFERTILITÉ par Carole Maître gynécologue spécialisée chez les athlètes à l’INSEP.
« Les femmes aménorrhées de 25-35ans qui pratiquent une activité physique intense multiplient par 1,5 le facteur pour l’infertilité. Mais l’infertilité physique intense est RÉVERSIBLE. Il n’existe pas de différence significative de parité entre les groupes selon l’activité physique mais une tendance à une parité plus élevée ayant pratiquée une activité physique intense.
La masse musculaire diminue en fonction de l’âge après 45ans puis diminue tous les 10ans. Les recommandations sont une activité physique de 30min par jour, 5 fois par semaine. »
Pour conclure : si vous pratiquez intensivement une activité physique et que vous désirez une grossesse mais que vous êtes aménorrhées, diminuez le sport. Privilégiez les entraînements en endurance mais arrêtez le fractionné. Le Docteur Maître recommande de vous limiter à une activité physique de 30mn par jour, 5 fois par semaine. Si cela ne suffit pas, la prise en charge serait également d’apporter un apport énergétique suffisant donc attention à la restriction lipidique trop sévère. Il ne faut pas avoir un taux inférieur de 15% de masse grasse pour les femmes. En deçà, il faudra augmenter la masse grasse afin d’accroître le taux d’œstrogènes et retrouver des cycles normaux.
Amandine LE CORNEC-BOUTINEAU
Entraîneur diplômé FFA
Titulaire d’un Master 2 Recherche et Professionnel
« Ingénierie de l’entraînement »
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