Lorsqu’on l’évoque le mot « stress », il est généralement défini comme néfaste. Mais l’est-il obligatoirement ? Ne peut-il pas, au contraire, se révéler positif dans le cadre de la pratique sportive ?
DÉFINITION DU STRESS
PETIT LAROUSSE : État réactionnel de l’organisme soumis à une agression brusque (en anglais stress signifie effort intense, contrainte.)
En effet, le stress correspond à une augmentation des catécholamines (donc d’une montée de noradrénaline et d’adrénaline), engendrant de nombreux effets physiologiques néfastes ou positifs à l’organisme. S’il est prolongé et non maîtrisé, il peut conduire à une anxiété.
Le stress : causes ou conséquences ? Le stress peut être considéré :
– comme agent causal (état physique et moral). Dans ce cas c’est une stimulation de l’extérieur.
– comme le résultat d’un agent, c’est-à-dire comme un ensemble de perturbation biologique et psychique provoquées par une agression de l’organisme (voir ci-dessous).
COMMENT EST PERÇU LE STRESS PAR UN COUREUR ?
« Le stress est utile, mais juste le bon. Il faut l’avoir lors de la préparation, avant la course et pas trop sur la ligne de départ. Je suis stressée car je veux bien faire les choses et tu as toujours une part d’incertitude mais pas complètement car j’ai confiance en mes capacités. Donc, je suis stressée mais en même temps je suis sereine car je me donne des objectifs réalisables. Je sais que je suis stressée avant une course car je vérifie dix fois que mes lacets sont faits, je vais sans cesse aux toilettes, j’aime arriver largement en avance par rapport à l’heure de départ de la course. Par exemple si t’arrives pile à l’heure sur la ligne de départ, tu n’es pas concentré pour faire une perf. En fait si je ne suis pas un minimum stressée, je suis détachée de mon objectif. Le stress me permet d’augmenter ma fréquence cardiaque, d’être réfléchie et concentrée par exemple à avoir en tête mon tableau de temps de passage. Le bon stress me permet d’être excitée, de ressentir du plaisir à être sur la ligne de départ car je n’y suis pas par hasard, je me suis investie pour faire mes perf » TEMOIGNAGE de Marie PRIOUX, niveau national.
A travers ce simple témoignage de coureur, on peut en effet ébaucher les différents mécanismes du stress et notamment distinguer ce qui va pouvoir aider le sportif à réaliser les objectifs qu’il s’est fixés, quels qu’ils soient.
Le stress ne se réduit pas seulement à une émotion, il renvoie à un niveau d’activation, à « un état général d’éveil physiologique et psychologique allant d’un sommeil profond à une intense agitation » (Gold & Krane, 1992). Pour que la performance soit maximale, il est essentiel de trouver la zone d’activation optimale (ZAO) dans laquelle le stress est bénéfique pour le sportif. Le stress passe par trois phases : alarme, réaction et adaptation. Si durant la dernière phase, le sportif ne réussit pas à maîtriser le stress, celui-ci sera néfaste. Son corps ressentira des effets nocifs. On parle d’épuisement du corps lorsqu’il ne peut plus lutter contre le stress. Le corps rassemble alors toute son énergie pour combattre la situation stressante, mais en vain. Tandis que le sportif qui réussit à s’adapter au stress bénéficiera au contraire de ses effets positifs.
On considère en effet qu’il existe deux types de stress :
- L’EUSTRESS qu’on peut définir comme un stress utile. C’est la dose idéale du stress pour réaliser une performance. Ce stress maîtrisé est un bon stress.
- Le DISTRESS qui correspond au stress non maîtrisé. C’est le mauvais stress
“Le stress consiste en une transaction entre l’individu et l’environnement dans laquelle la situation est évaluée par l’individu comme débordant ses ressources et pouvant même mettre en danger son bien être” Lazarus et Folkman, 1984). En fait c’est l’adaptation de chacun à un certain niveau de stress qui engendre des réponses positives ou négatives.
STRESS ET PHYSIOLOGIE
Pour mieux comprendre le fonctionnement et les réponses au stress, faisons un bref rappel physiologique. Le stress sollicite l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénal et le système nerveux sympathique :
- Le premier axe sécrète les glucocorticoïdes et les minéralo-corticoïdes. Par conséquent, dans le cas d’un stress non maîtrisé, l’athlète va subir une hypoglycémie, une réduction de la réponse inflammatoire, une augmentation du volume sanguin…
- Par l’intermédiaire du deuxième axe, le stress se propage par l’influx nerveux via les catécholamines (responsables entre autres de l’augmentation de la fréquence cardiaque) et des sécrétions médullo-surrénales, lesquelles engendrent huit réponses de stress : une augmentation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, de la vigilance, du rythme respiratoire, de la libération du glucose dans le sang, une diminution de l’activité gastro-intestinale, de la diurèse et une modification de la circulation sanguine. Autant d’effets qui peuvent être positifs, mais virer au négatif si le stress est mal maitrisé.
PERF ET SRESS
Sans le stress, l’athlète ne bénéficierait pas des différentes réponses engendrées par celui-ci (augmentation de la fréquence cardiaque, de la vigilance…). Par conséquent, les catécholamines seraient moins sécrétées ; l’adrénaline et la noradrénaline n’augmenteraient pas suffisamment pour mettre l’athlète en état d’activation optimale. Sans le stress, l’athlète ne serait pas assez vigilant et motivé.
En résumé, le bon stress apparaît fondamental pour faire une performance. Grâce à celui-ci, le coureur est actif, prêt physiquement et psychologiquement. Il peut donc s’investir à 100% dans son activité sportive. Le stress est lié à la volonté de réussir et de bien faire. Par exemple, sur une ligne de départ, l’athlète qui veut réussir, se sent impliqué dans la course, il est concentré et est donc un minimum stressé. Sa fréquence cardiaque et sa pression artérielle augmentent, sa vigilance est au pic, il est en état d’alerte et son activation musculaire est préparée à tout effort.
L’absence de ce stress peut être apparentée à une sorte de passivité : Sans le moindre stress, c’est comme si le sportif n’était pas concerné par l’événement. L’absence de stress serait donc le révélateur d’un manque de réelle motivation. Le coureur n’aura pas envie, ne verra pas d’intérêt à partir vite. Du reste, son état physiologique ne sera pas capable de le faire courir vite car son état d’activation musculaire, respiratoire, cardiaque, ne seront pas suffisamment sollicités
En clair, quand on veut bien faire, on est un minimum stressé. Mais il faut savoir maîtriser ce stress et y faire face. Faute de quoi, c’est lui qui prend le dessus, conduisant éventuellement à la perte de ses moyens par le sportif.
Entrez dans votre Z.A.O. Stressez juste ce qu’il faut.
Comment «s’installer » dans ce bons stress précurseur de bonnes perfs ? Qu’est ce qui fait qu’on passe du bon au mauvais stress ? Comment déceler ce phénomène ? Autant d’interrogations qui déterminent finalement si l’on est dans sa propre zone d’activation optimale. Parmi les facteurs de bon stress généralement admis, citons les « routines » que met en place le sportif.
Ce sont toutes ces petites habitudes, résultant de l’accumulation d’expériences, qui vous mettent dans l’état d’excitation que vous aimez : cela va du rituel de préparation de la tenue jusqu’à l’échauffement en passant par le petit déjeuner ou la façon de faire vos lacets le jour J. La confiance en soi fait aussi partie de ces générateurs de bon stress.
Basculer dans le mauvais stress, ça arrive à tout le monde et ce n’est pas grave. L’important, quand on décèle l’arrivée de ce mauvais stress, c’est d’en déterminer rapidement les symptômes, pour réagir : les causes peuvent être intrinsèques (mauvaise préparation, peur de mal faire…) ou extrinsèques (environnement, météo, problème technique…).
Les réactions peuvent être de différents ordre : s’isoler en écoutant de la musique, écouter les paroles d’un tiers (conjoint, ami, coach), comme de recourir à de véritables techniques reconnues (respiration, sophrologie, visualisation positive…). Des techniques qu’on pourra aussi envisager de façon plus récurrente si la tendance au mauvais stress tend à devenir chronique. Nous aurons l’occasion d’y revenir.
Amandine LE CORNEC-BOUTINEAU
Entraîneur diplômé FFA
Titulaire d’un Master 2 Recherche et Professionnel
« Ingénierie de l’entraînement »
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