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LES INTÉRÊTS DES ACTIONS POLITIQUES DE FAIRE ÉVOLUER LE SPORT FÉMININ

Pour la France et au niveau international, faire évoluer le sport féminin serait augmenter le nombre de licencié dans les fédérations sportives, le pouvoir d’achat… Par conséquent il aura un enjeu économique. Le sport féminin est devenu en quelque sorte un marché économique. Le marché des articles sportifs féminins (vêtements, chaussures…) augmente. Il représente 1/3 du marché. Le développement des équipements sportifs s’amplifie telle que la vente des vélos d’appartements, les tapis de sol…Par conséquent le secteur privé s’accélère. Les fédérations sportives commencent alors à accepter cette nouvelle population qui ne vise pas principalement la compétition ou qui pratique les nouvelles tendances. Ainsi le marché du spectacle continue à se développer comme le phénomène des femmes à la Coupe du Monde de Football en 1998.

Pour les femmes elles-mêmes, le sport serait une opportunité d’évoluer dans la société et de s’émanciper.

Dès que la femme cherche à atteindre le pouvoir, les responsabilités, c’est-à-dire de faire comme les hommes, elles sont souvent considérées comme des féministes ou des femmes qui veulent faire carrière. Elles doivent toujours prouver leur compétence. C’est pourquoi, si la politique d’égalité des chances leur permet d’accéder au sport au même titre que les hommes, elles pourront s’émanciper.

Enfin, les enjeux pour le sport seraient de renouveler l’image du sportif par la sportive, d’enrichir les fonctions du sport, et s’ouvrir à un public différent. En effet jusqu’à aujourd’hui le sport a évolué mais il reste en particulier ouvert aux hommes. Les horaires, les équipements ne sont pas adaptés aux femmes (toutes ses limites nous les détaillerons dans la seconde partie). Le sport féminin permettrait de s’adapter au changement et de retrouver son utilité sociale. Pour les femmes, le sport n’est pas seulement un moyen d’atteindre des performances dans l’effort et de lutter face à l’adversité. Le monde actuel est centré sur un nouveau style de vie. Les femmes pratiquent pour la santé et le loisir, d’où le changement de titre du ministère « Santé, Jeunesse et Sport ». Le paraître est au devant des scènes. Elles pratiquent pour la sculpture de leur corps, l’esthétisme, et la convivialité. Mais 50% des femmes pratiquent hors fédérations car la structure ne leur convient pas.

Enfin, les femmes peuvent donner de nouvelles perspectives plus pacifiques, moins violentes ce qui permettrait d’adoucir les dérives dans le sport car elles ont de réelles compétences dans la médiation,  le social, l’éducation et les soins.

LES LIMITES DU SPORT FÉMININ :

(1)  les freins liés à la pratique et à l’organisation,

 Tout d’abord les femmes rencontrent différentes contraintes pour pratiquer le sport.

–       Les femmes rencontrent une contrainte  relative au temps pour pratiquer. D’après une étude de l’INSEE, une femme a 40 minutes de temps libre en moins qu’un homme. Chez les jeunes, en général ce principe se répète car les filles s’investissent plus dans le travail scolaire que les garçons. Elles doivent s’occuper des tâches ménagères, des enfants, en plus de leur travail professionnel, ce qui leur laisse peu de temps à pratiquer une activité physique. C’est pourquoi l’éloignement des équipements sportifs pour les femmes joue un rôle essentiel pour leur motivation à pratiquer. Elles pratiqueront plus facilement si le lieu sportif se trouve à côté de chez elle.

–       Ensuite, le coût des pratiques sportives illustre un autre type de frein. Les femmes ont tendance à se sacrifier pour leurs enfants ou pour leur mari s’il n’y a pas assez d’argent au foyer familial. Cette situation se réitère également s’il faut faire un choix entre les enfants.

–       Généralement le garçon est prioritaire par rapport à la fille due aux références culturelles.

En effet, la femme et la fille apparaissent souvent comme fragiles, faibles et émotives. D’ailleurs, elles sont plus sensibles aux contraintes de la compétition (58% des femmes déclarent ce cas contre 44% des garçons). Pour des raisons d’intégrité physiques et de sécurité, elles ne souhaitent pas pratiquer n’importe quel sport. D’ailleurs le nombre de femme au haut niveau est largement inférieur aux hommes. Au JO de Sydney (2000), il y avait 38.2% de femmes. Par contre aux JO d’hiver à Salt Lake City, elles représentaient 47.5%.

–       les sportives sont nettement moins payées que les sportifs. Par conséquent le sport féminin ne se situe pas au même échelon que le sport masculin dû au nombre moindre de pratiquante. Mais il ne faut pas pour autant négliger le sport féminin : « nos corps ne sont pas les mêmes que les hommes. Il nous faut donc produire un système égalitaire à partir des différences ». Ce système égalitaire ne se fera pas par l’organisation sportive puisqu’il existe également des freins organisationnels. Le mouvement sportif a été créé pour les hommes et par les hommes.

–       L’offre sportive pour les femmes est moins diversifiée que celles des hommes. Elle ne correspond pas à leur besoin et leur motivation. Outre le fait que les femmes s’orientent en particulier vers les sports dans lesquels apparaissent la notion d’équilibre et de loisir comme la danse ou l’équitation, la gymnastique, la natation, l’EPGV et l’EPMM (les cinq fédérations principalement féminines).

–       Certains sports hostiles ferment plus ou moins la porte aux femmes comme le motocyclisme et l’automobile. Par contre en 1975, la fédération française de football a reconnu le football féminin. De même, l’organisation masculine est avantagée. Par exemple le sport féminin n’est pas mis en priorité concernant les horaires.

–       L’encadrement sportif est essentiellement masculin (17% de femmes professeurs de sport, 27% de femmes parmi les titulaires de BEES1, et 15% de femmes parmi les BEES 2). Pour 38% de femmes aux JO de Sydney, seul 8% de l’encadrement technique et 4% du médical français étaient des femmes.

Toutes ces inégalités (offre sportive, encadrement, et organisation masculine)  génèrent une participation minime de la femme. De ce fait, la pratique féminine influence moins le sport que celle des hommes. Le souci c’est qu’on ne lui donne pas toutes les chances de s’exprimer.

(2) les obstacles de la médiatisation féminine.

La médiatisation est un facteur clé pour faire évoluer le sport. Elle tient une place intégrante dans le sport. Le concept spectacle sportif révolutionne le monde actuel puisque le sport fait maintenant partie des enjeux économiques. Mais la place réservée du sport féminin par les médias reste très minime, quasi invisible. La femme tient une position « d’objet-support » du fantasme masculin. Ce n’est que le paraître qui intéresse (Labridy, 1978). En effet, la femme doit encore lutter contre les stéréotypes de l’image de la femme rangée, réservée, attachée à son foyer et à ses enfants. Elle doit être élégante et gracieuse dans la pratique féminine. La circulaire du 27 octobre 1892 a interdit le port d’habit masculin afin de respecter ces règles. La femme doit se battre à la fois contre les stéréotypes féminins et masculins.

En effet, d’une part les représentations féminines définissent la femme comme une personne très émotive, parfois incontrôlable et excessive. Ces termes sont justifiés par les cris lors du combat ou des larmes lors des défaites. Mais ces différentes qualifications ne sont jamais utilisées par les journalistes comme un obstacle à la performance. Les jeunes filles sont décrites comme capricieuses, élément contraire à l’activité physique. Les journalistes s’attachent donc plus à décrire des portraits quotidiens de la femme au détriment de son parcours sportif en lui-même. Ils aiment faire des reportages sur la beauté féminine comme si la femme neutralisait la sportive. Une évolution à ce sujet serait intéressante d’apporter car l’inégalité est flagrante.

D’autre part, elle doit faire face aux seconds stéréotypes (masculins). La femme est dotée d’une stabilité émotionnelle. Etant donné les inégalités rencontrées entre les hommes et les femmes, elle vaint sa nature pour conquérir un statut de sportif masculin. Elle bénéficie également d’une force de travail et de persévérance (rigueur dite masculine). Ces qualités d’engagement « corps et âme » sont loin des comportements stéréotypes féminins. Elle est ambitieuse, a le goût du pouvoir.

Par exemple au tennis, le sport féminin est très représenté et donc médiatisé. Grâce à ces qualités intellectuelles dites masculines, elles réussissent dans leur discipline sportive. C’est en endossant des traits masculins qu’elles accèdent à des territoires jusqu’alors interdits à la gent féminine et entrent en sport en « combattante ».

Même si le sport féminin a évolué, les médias lui réservent peu d’intérêt outre leur portrait extra-sportif (la double vie des sportives) car la pratique sportive semble entrer en conflit avec l’identité sexuée et par conséquent l’esthétisme. Prenons par exemple le rugby féminin : ce sport est défini comme un outrage de la féminité, et les images sensées être viriles sont dégradantes pour les joueuses et sans intérêt pour un jeu plus lent et moins spectaculaire. C’est pourquoi la presse écrite et la radio médiatisent plus le sport féminin que la télévision. Il représente moins de 17% de la presse quotidienne nationale.

Les sportives doivent leur place par le biais de la pratique masculine. Les seuls sujets qui intéressent la presse sont la performance et la réussite sportive (contrairement aux portraits de la télévision). Le corpus retenu est le ski (17.5% des articles), le tennis (14.2%) et l’athlétisme (10.8%). Les sports collectifs n’intéressent pas les médias. La radio parle un peu plus que la télévision du sport féminin. En moyenne, le sport féminin est médiatisé à 16h pour la radio et 15h à la télévision. Par exemple, si on compare un sport dit masculin et un autre dit féminin, le football et le rugby représentent en moyenne 850h par an contre 30h pour la gymnastique.

Pour conclure, le sport féminin a été très marqué par les mobilisations nationales et internationales, notamment celles de Marie-Georges Buffet. Cependant la France, pays des droits de l’homme et de la laïcité est en retard face aux pays anglo-saxons malgré ses actions politiques dont les assises « Femmes et Sport ». Malgré les évolutions, il existe encore une disparité Homme/femme. Le nombre de sportives est inférieur aux sportifs. Les médias apportent plus d’intérêt aux hommes et l’argent au sein du sport féminin est encore inférieur à celui des hommes. Par conséquent, outre l’aspect juridique qui reconnaît l’égalité des sexes, le sport féminin a encore du mal à se positionner au même rang que le sport masculin. La place de la femme est encore trop marquée du traditionalisme et des stéréotypes. Les acteurs du champ médiatique (sponsors, journalistes, fédérations sportives) jouent un rôle essentiel pour faire évoluer le sport féminin mais pour l’instant ils ne lui apportent pas un grand intérêt. Le défi actuel est de continuer à produire un double mouvement du sport vers les femmes et, des femmes vers le sport pour qu’elles trouvent leur place au sein du monde sportif. Les femmes ne demandent pas l’abolition des différences, mais la reconnaissance et le respect des différences. Etant donné le triple enjeu : national, femme et sport, le sport féminin continuera à évoluer. Tant que les inégalités seront encore présentes, le sport féminin ne pourra pas devenir l’avenir du sport. Par conséquent, avec du temps et des changements il sera peut-être l’avenir du sport mais il faudra lui donner encore quelques années. La question qui reste à se poser c’est dans combien de temps, et comment les inégalités disparaîtront totalement et pas seulement dans les textes politiques ?

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Amandine LE CORNEC-BOUTINEAU
Entraîneur diplômé FFA
Titulaire d’un Master 2 Recherche et Professionnel
« Ingénierie de l’entraînement

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