" Si courir ou marcher était notre seul but, nous passerions à côté de moments inoubliables "

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Approche de l’entraînement au féminin par Amandine Le Cornec – Boutineau

« Les hommes naissent sur Mars et les femmes sur Vénus ». Cette différence se distingue t’elle dans le milieu sportif ? La réponse est mitigée. Il existe certaines différences entre les athlètes féminines et masculins. Notamment sur l’approche de l’entraînement. Après avoir échangés avec des entraîneurs de demi-fond et de fond, des athlètes féminines (de ces mêmes disciplines), et m’être basée sur mon expérience personnelle en tant qu’entraîneur (de sportifs masculins et féminins) et athlète, on peut constater des différences, mais on ne peut pas émettre une conclusion radicale sur les différences qu’opposent les athlètes féminines aux athlètes masculins.

NB : J’insiste sur ce point que cet article ne désigne pas l’unanimité des athlètes féminines. Comme pour tout, nous ne sommes pas « tous et toutes fait(es) dans le même moule », donc certaines se reconnaîtront et d’autres non.

La principale différence dans l’approche de l’entraînement entre les athlètes féminines et masculins de demi-fond et de fond reposent sur le fait que certaines femmes préfèrent « courir en minute » tandis que les hommes « en distance ». Plus explicitement, si la séance a pour but de développer sa VMA longue en effectuant 4 x 1000m (VMA de 17km/h soit en 3’30), certaines femmes préfèreront la transformer en 4 x 3’30. Quant aux hommes, sans aucune hésitation ils voudront faire la séance sur piste.

Pourquoi cette différence ? Les hommes ne se posent pas des questions. Ils veulent de suite mesurer leurs atouts et savoir exactement à quelle allure ils courent et, s’ils respectent bien les temps chronométriques de la séance. Pour eux, une distance = un chrono particulier. Ils n’ont pas peur de « rater » la séance. Lors d’une séance dure, ils iront tête baissée et se lanceront un défi de finir et réussir cette dernière. Les athlètes féminines se posent plus de questions. Le fait de transformer une séance piste en minute leur permettent d’être « moins stressée », et de moins cogiter « vais-je réussir la séance ? Car aujourd’hui je suis fatiguée, je ne suis pas en forme….. ». Or cette façon de courir peut poser problème aux entraîneurs car elle ne permet pas de vérifier les vitesses de course. De temps en temps, on peut leur faire plaisir mais il ne faut pas céder à chaque séance.

Chez les athlètes féminines, il y a tout une part psychologique à prendre en compte pour un entraîneur (beaucoup plus que pour les hommes). Elles ont besoin d’être rassurée, d’obtenir des explications sur le contenu, l’objectif de la séance. Comme souvent on entend dans la vie quotidienne, elles sont plus « cérébrales ».

Propos recueillis lors du colloque à l’INSEP du 10/11/12 de Véronique MANG (athlète de haut niveau, médaillée d’argent du 100m aux championnats d’Europe de 2010):

« J’ai eu sept changements d’entraîneurs avant de trouver Olivier Marchand mon entraîneur actuel depuis 2010. J’avais une étiquette de fille ingérable de tempérament de feu. J’étais toujours dans le conflit, à vouloir comprendre mais  je suis devenue autonome et rigoureuse. J’ai changé d’entraîneur car je n’avais pas trouvé la bonne personne qui me correspondait. Je me souviens, aux Europe à Barcelone en 2010, j’ai eu une émotion qui me prends, je pleurs, je ne savais plus quoi faire, j’avais besoin ce jour de mon entraîneur (…) J’ai toujours besoin qu’on m’explique, toujours dans la discussion et suis très instinctive. J’agis par instinct. Depuis Olivier ça va bien, il gère et m’apporte l’affectif. (…)»

Question entraînement collectif ou individuel, c’est partagé. En général, il est plus agréable pour les femmes comme les hommes de s’entraîner en groupe. Par contre, il y aura un peu plus de jalousie dans un groupe féminin. Par exemple, lorsqu’une nouvelle arrive dans un groupe, suivant le niveau de cette dernière, celles d’un niveau comparable à « la nouvelle » se méfieront que cette dernière soit plus forte qu’elles. Chez les hommes, il ne faut pas se voiler la face. Cette idée leur effleura l’esprit, mais ils le prendront davantage comme l’opportunité d’avoir un partenaire de taille à l’entraînement, comme en compétition.

Excepté ces quelques différences sur l’approche de l’entraînement au féminin, les femmes ont un tempérament d’hommes. Comme les hommes, elles sont dotées d’un caractère fort, d’une grande motivation, et d’une volonté de gagner. Puis concernant le contenu de l’entraînement, il n’y a pas de différence significative. Elles ont le même volume d’entraînement, et les mêmes séances que les hommes. Ce n’est parce que ce sont des femmes qu’elles sont plus fragiles et que l’entraînement sera soulagé ou aménagé (à l’exception de certains cas physiologiques telles que les menstruations douloureuses). Ce sera à l’entraîneur de réguler la séance. C’est son rôle de s’adapter à toute situation. Il est à noter qu’un entraînement se planifie (à l’avance) mais se régule à tout instant.

Propos recueillis lors du colloque à l’INSEP du 10/11/12 de Bruno GAJER (entraîneur 400/800m à l’INSEP) :

Bruno Gajer« Concernant l’entraînement, même chose qu’aux hommes et aux femmes. J’entraîne beaucoup de filles et j’ai jamais eu à me plaindre. Beaucoup de musculation et de renforcement musculaire. Il y a un gain de force plus important chez les filles car leur masse musculaire est moins développée. Faire de la muscu n’est pas par rapport au sexe mais par rapport à la discipline.
La muscu aura plus d’impact sur la performance de la femme que sur l’homme car à la base elle est moins développée. Mes athlètes ne sont pas pour autant trop développées.
Je n’ai pas de quantité précise parfois certaines séances vont jusqu’à l’épuisement (…) quand on entraîne des filles, il faut pas être dans un jeu de séduction (…)

Ensuite pour l’entraînement, le seuil de la douleur est le facteur limitant de la performance et il faut le décaler. J’ai pas l’impression que c’est lié au sexe (…) les règles des filles sont à prendre le jour le jour et être tolérant le jour J. Je ne les programme pas dans leur programme ça se fait naturellement. Par contre si elles arrivent la semaine des JO ce serait une erreur de ma part de ne pas les décaler. Mais à l’entraînement ce n’est pas la compétition. Pour la façon de décaler les règles, je suis entraîneur mais pas gynéco. Que chacun reste dans son métier. Par contre, c’est une équipe, je peux faire le chef d’orchestre mais c’est dangereux de tout faire! »

Pour conclure, tout ceci ne veut pas dire que les athlètes féminines sont dures à entraîner, et que c’est contraignant pour un entraîneur car elles rechignent, se plaignent etc… Ce qui a été cité précédemment veut tout simplement dire qu’un entraîneur doit prendre en compte certaines particularités chez les athlètes féminines. Personnellement, en tant qu’entraîneur, je le côtoie au quotidien car j’entraîne un groupe mixte (divisée en deux sous groupes par rapport à leur niveau et non par rapport au sexe). Le groupe des filles est agréable à entraîner mais j’accepte le fait qu’elles ne réagissent pas de la même manière que le groupe d’athlètes masculins. Puis en tant qu’athlète, cette prise de conscience est renforcée. Pendant des années je me suis dit que je n’étais pas une athlète facile pour mon entraîneur. Je me suis quasiment tout le temps entraîner seule, et j’appréhendais beaucoup de séances. J’avais un besoin constant d’être rassurée par mon entraîneur. En résumé, je m’appuyais beaucoup sur lui. Mais, maintenant je peux enfin dire que j’étais une athlète normale comme les autres » !

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Amandine LE CORNEC-BOUTINEAU
Entraîneur diplômé FFA
Titulaire d’un Master 2 Recherche et Professionnel
« Ingénierie de l’entraînement »

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